Titre : | La relation médecins-malades : information et mensonge |
Auteurs : | Fainzang, Sylvie, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Ethnologies puf, 2007 |
Format : | 159p. |
Langues: | Français |
Mots-clés: | SOCIETE ; SANTE |
Résumé : |
Sylvie Fainzang explore la question du mensonge dans la relation thérapeutique à partir d’un terrain réalisé en services d’oncologie et de médecine interne. Elle montre que malgré l’évolution supposée des relations médecin-malades vers moins de paternalisme et plus d’autonomie pour le malade, les médecins continuent à mentir à leurs patients. Ce type de mensonge est caractérisé par sa justification « dans l’intérêt du patient » et par son caractère « utilitaire » visant à favoriser l’acceptation et le déroulement du traitement. Le corps médical continue ainsi à ignorer que mieux un malade est informé, mieux il gère sa maladie, et à réprimer une attente légitime de vérité en se basant sur des spéculations illégitimes. Ce d’autant plus que le premier critère sur lequel se basent les médecins pour évaluer la capacité de compréhension et d’acceptation de la vérité est, à tort, l’appartenance sociale.
Le fondement de ce mensonge serait le maintien et la reproduction du pouvoir médical à travers la rétention et le contrôle du savoir. On accepte volontiers la pertinence de cette hypothèse mais on s’interroge sur le caractère exclusif qui lui est donné dans cet ouvrage, ainsi que sur le caractère positiviste donné à une vérité = réalité. D’une part, les malades mentent aussi, l’auteure l’admet volontiers et développe de façon très pertinente les mal-entendus médecins-malades résultant de tous ces mensonges. Cependant dans un article paru dans« the anthropology of lying » elle oppose le mensonge rationnel du médecin à celui, irrationnel, du malade. Les mensonges du patient seraient des stigmates supplémentaires du pouvoir médical subi. Le recours et la soumission de ces mêmes patients à des thérapeutiques dont les pratiques autour de la vérité sont largement discutables n’est à aucun moment évoqué pour montrer la fréquente ambivalence de la relation à la « vérité » et, par-là-même, à une vision plus constructiviste de celle-ci. D’autre part, les relations médecins-malades ne se résument pas toutes au contexte particulier de l’oncologie. Dans le modèle transactionnel d’analyse de la relation médecin-malade de Kleiman et Katon, le mensonge fixe les limites de la complicité. On regrette qu’il n’ait pas été questionné en quoi le contexte particulier du cancer ou de la maladie grave, empêche cette complicité. Ainsi l’influence d’un certain nombre de facteurs « structurels » est passée sous silence telle celui, majeur, d’une temporalité impossible. Les préjugés sociaux venant alors logiquement occuper le vide relationnel des entretiens minutés des consultations hospitalières. Quant aux facteurs émotionnels et affectifs ils ne sont curieusement que peu évoqués dans ce contexte particulier, ou bien ils le sont du côté du malade mais à aucun moment du thérapeute. Celui-ci compose pourtant en permanence avec l’échec thérapeutique et la mort, l’incertitude et l’impuissance que le discours médical masque mais n’annule pas. Ne serait-il pas pertinent d’évaluer le mensonge selon d’autres catégories telles celles de Saarni et Lewis, qui incluent une notion d’auto-tromperie liée à un besoin d’illusion qui n’épargne pas nécessairement le thérapeute. Quant à l’anthropologue elle-même, si elle avoue quelques convictions dès le début de son travail, elle ne nous les explicite à aucun moment. Au final c’est un peu comme si les acteurs appliquaient la théorie de l’action raisonnée : les patients souhaitent toute la vérité, les médecins mentent pour conserver leur pouvoir et l’anthropologue observe le tout objectivement. Deux émissions de radios au sujet de cet ouvrage montrent combien le sujet est épidermique pour patients et thérapeutes et combien indispensable est la réflexion à son sujet. Mais on ne peut s’empêcher de regretter que ne soit pas dévoilées d’autres composantes du sens profond de ce jeu de mensonge, au delà et en sus des enjeux de pouvoir. |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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VER 041 | SOC 0 FAI | Ouvrage | Verviers | Albums | Libre accès Disponible |